Face A >> COMME JE L’ENTENDS (30’40)
Opéra radiophonique de Benjamin Dupé
Commande de Radio France – Direction de la Musique
en compétition dans le cadre du Prix Italia 2010 en catégorie musique
« Pour composer Comme je l’entends, j’ai d’abord réuni des auditeurs, aussi divers dans leurs origines que profanes dans leur rapport à la musique contemporaine. Je leur ai demandé de prêter leurs oreilles à mes goûts, à mes recherches, à mes obsessions sonores. Ils ont parlé de ma musique, librement, comme ils l’entendaient, et je les ai enregistrés. J’ai considéré l’ensemble de leurs commentaires et de leurs réactions comme un instrument de musique, avec ses propres règles acoustiques, et aussi comme un livret, porteur de sa propre dramaturgie. Dialogue sincère et souvent drôle entre ma musique et leurs mots, Comme je l’entends est surtout la proposition d’un espace : celui où l’on s’invente dans l’écoute ». BD
D’après les témoignages et avec les voix de Nadira Amsaghri, Farida Azouz, Sihar Azouz, Olivier Boussant, Alain Crepin, Daouda Danadir, Agnès Dubois, Agnès Elchet, Dominique Fargetton, Jeanine Gevaudan, Maryse Grill, André Lansel, Lucienne Le Bouard, Gwenaëlle Long, Simone Mezzadri, Claire Olchowik, Éric Ollivry, Anne-Marie Paillard, Jérémy Pappalardo, Nicole Paroldi, Jacqueline Pignon, Maryse Robion-Lamotte
musique et livret :Benjamin Dupé
flûte : Mié Ogura
clarinettes : Mathieu Fèvre
violon : Irène Lecoq
contrebasse : Bruno Chevillon
accordéon : Pascal Contet
guitare acoustique, piano : Benjamin Dupé
prise de son : Benjamin Vignal
assisté de Xavier Lévêque et Delphine Baudet montage
mixage:Benjamin Vignal
assisté de Xavier Lévêque
chargé de réalisation : Patrick Lérisset
direction : Benjamin Dupé
producteur, direction de la musique : Marc-Olivier Dupin
chargée de production : Justine Mergnac
Remerciements à Marc-Olivier Dupin, Justine Mergnac et Roland David (Radio France), Nathalie Marteau, Anaïs Lemaignan, Bertrand Davenel et Jean-Marc Diebold (Le Merlan scène nationale à Marseille), Laurent Sellier et Benjamin de la Fuente (oreilles complices), Laurence Perez.
Jacqueline Caux chez Louise Bourgeois, 1996©JACQUELINE CAUX
Face B >> LA TOILE DE LOUISE (28’44)
Un essai radiophonique de Jacqueline Caux
Réalisation Anna Szmuc
Jacqueline Caux chez Louise Bourgeois, 1996 ©JACQUELINE CAUX
Admiratrice du travail de Louise Bourgeois depuis de longues années, je l’ai contactée en 1996, dans le but de mener avec elle des entretiens et d’enregistrer des sons dans son atelier. Elle me fixa un rendez-vous à son domicile new-yorkais. Incidemment, elle m’avait dit au téléphone qu’elle aimait les fleurs : pour notre premier rendez-vous, je me suis donc retrouvée sur son perron avec un bouquet de tulipes. Alors que la conversation s’amorçait difficilement, Louise entreprit bientôt d’en briser systématiquement toutes les tiges…En silence, j’ai sorti mon magnétophone et j’ai enregistré le son sec et précis du bris des fleurs. Le contact était établi. Un rituel s’est alors mis en place pour des rendez-vous quotidiens, chez elle ou dans son atelier de Brooklyn. Rituel repris, les années suivantes, lors de chacun de mes passages à New-York.
Mes entretiens avec Louise auront toujours été animés de sa parole forte, insolente et singulière, en lien étroit avec son œuvre. Si dans celle-ci, ainsi qu’elle le l’affirme, elle est la meurtrière, elle est aussi celle qui répare, puisqu’elle affirme aussi que toute son œuvre est cathartique.
C’est ce qu’illustrent, entre autres, les textes de ses chansons avec leur savoureuse charge d’autodérision. C’est en1978, alors qu’elle opérerait, dans une performance, une nouvelle destruction du père, qu’elle a composé les deux chansons inédites que nous entendrons : « She abandoned me », – ce «ne m’abandonnez pas » que nous retrouverons en 2002 sur l’une de ses colonnes en tissus -, et « Waldorf Hystéria », thème que nous retrouverons également dans son œuvre « Arch of Hystéria ».
Elle nous retrace aussi son roman familial, ses années d’études avec Fernand Léger, et nous parle des sentiments contradictoires qui auront noué la trame de sa vie.
Alors que son arrivée à New-York, en 1938, marque ce qu’elle considère comme ses vrais débuts d’artistes, Louise va d’abord s’exprimer par le dessin. Ce mode d’expression, elle ne l’abandonnera d’ailleurs jamais. Elle s’exprimera aussi par la gravure, par la peinture, puis par la sculpture. Ayant acquis la certitude qu’il lui faudrait attendre un certain nombre d’années avant d’être réellement reconnue, très vite elle a acheté un terrain dans les Hamptons pour y disposer les statues qui s’accumulaient alors dans son appartement. Pendant trente ans, celles-ci se laisseront recouvrir par les herbes, les arbustes, la végétation, jusqu’à ce jour de 1982 où, – alors qu’elle était âgée de soixante et onze ans -, elles ont rejoint le MoMA pour la première rétrospective proposée par ce musée à une artiste femme.
Louise acquiert son atelier de Brooklyn en 1980 : une ancienne usine désaffectée de deux étages, pour laquelle elle sculptera la porte d’entrée et dont le vaste espace favorisera la réalisation d’œuvres de grande envergure… C’est là, qu’inlassablement, elle aura travaillé à partir de ces incessantes discontinuités : conscient-inconscient, enfant-adulte, passé-présent, agressif-défensif, terreur-plaisir… Regardant le dos de tapisseries anciennes, semblables à celles que restauraient ses parents, elle avait récemment proféré ce qui pourrait être un axiome : « C’est l’envers qui vous dit la vérité ».
Jacqueline Caux
Jacqueline Caux est réalisatrice de films dans différents domaines : courts-métrages expérimentaux et longs-métrages sélectionnés et primés par de nombreux festivals nationaux et internationaux, certains sont sortis sous forme de DVD : Presque rien avec Luc Ferrari, The Cycles of the Mental Machine. Elle a participé à l’organisation de plusieurs festivals de musiques d’aujourd’hui, réalisé des émissions de recherche pour France Culture, des petits théâtres intimes sous forme de boîtes. Elle est aussi l’auteur de plusieurs livres d’entretiens avec des artistes essentiels du 20eme siècle : Presque rien avec Luc Ferrari aux Editions Main d’Oeuvre, puis traduit et édité en Japonais ; Tissée, tendue au fil des jours la toile de Louise Bourgeois aux Editions du Seuil ; A l’origine de la Performance, conversations avec Anna Halprin aux Editions du Panama.